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QUEL EST LE POIDS D'UN LITRE D'HUILE D'OLIVE ?

Dr Didier PERRET  

Conseiller académique
Coordinateur échanges internationaux
Responsable communication
Administrateur/E-assesseur Moodle
Chargé de cours (chimie analytique)
Directeur du Chimiscope – Université de Genève – Suisse

Dans cet entretien exclusif accordé à loliviermag.com, Dr. Didier Perret, enseignant de chimie analytique à l’Université de Genève, où il dirige également, depuis 2011, le Chimiscope, une plateforme de découverte du monde de la chimie, nous explique la manière scientifique dont doit être calculé le poids d’un litre d’huile d’olive.

Quelle est la masse de l’huile congelée en général et de l’huile d’olive en particulier ?

Plusieurs paramètres sont indispensables pour répondre à votre question. Nous allons donc poser quelques hypothèses pour tenter une réponse plausible :

  1. L’huile peut être d’origine minérale (huile de moteur), animale (beurre fondu) ou végétale (huile d’olive). Cette précision et importante car la masse volumique des huiles est fonction de leur nature.
  2. Par exemple pour les huiles minérales, une huile pour moteur de type 15W40 a une masse volumique de 0.9 grammes par centimètre cube lorsqu’elle est à 20 °C, tandis qu’une huile de silicone a une masse volumique de 0.96 g/cm3 et une huile polyfluorée a une masse volumique de 2.0 g/cm3.
  3. Quel volume initial d’huile faut-il considérer ?
    Puisque la masse volumique d’un corps (c’est-à-dire la masse mesurée d’un volume donné, exprimé en grammes par centimètre cube, g/cm3), la masse demandée ne peut être connue que si on connaît le volume d’huile considéré.

Le poids exact d’un litre d’huile d’olive

Considérons une bouteille d’huile d’olive de 1 litre de contenance : 

  • A 20 °C, l’huile d’olive présente une masse volumique de 0.9137 g/cm3et pèse donc 913.7 g.
  • A 10 °C, sa masse volumique est très légèrement plus élevée, à 0.9204 g/cm3 et pèse alors 920,4 g.
  • A 0 °C, sous forme solidifiée, sa masse volumique est encore plus élevée, à 0.9266 g/cm3 soit 926,6 g.

De la température ambiante de 20° C à 0 °C, la masse volumique de l’huile d’olive a augmenté de 0.0129 g/cm3 c’est-à-dire qu’un 1 litre d’huile d’olives à 0 °C pèse 12.9 g de plus.

Sur le plan chimique, pourriez-vous nous donner votre avis sur les bienfaits de l’huile d’olive sur la santé humaine ? Et dans quel cas l’huile d’olive pourrait être nocive ? 

Je ne suis pas spécialiste de l’huile d’olive, mais simplement chimiste. A ce titre, c’est sur le plan chimique et biochimique que je peux vous donner des indications probablement utiles.

L’huile d’olive présente de nombreuses qualités pour la santé humaine, en comparaison à de nombreuses autres huiles alimentaires. Cependant, il faut prendre en considération la qualité de l’huile d’olive sur laquelle on se penche : De manière générale, seule l’huile d’olive extra vierge, pressée mécaniquement à froid et ayant conservé ses nutriments, a des qualités nutritionnelles avérées, car elle ne contient pas de substances chimiques ajoutées lors du processus d’extraction.

A l’inverse, des huiles d’olive de qualité inférieure obtenues industriellement qui auraient été adultérées avec des huiles végétales bon marché provenant d’autres sources, ou qui auraient été produites par traitement chimique pour accroître le rendement d’extraction, ne contiendront pas autant de substances nutritives, et pourraient même dans certains cas contenir des impuretés néfastes à la santé.

Dans l’huile d’olive de qualité supérieure, on trouve de nombreuses molécules à propriétés antioxydantes qui contribuent à protéger nos cellules des effets néfastes provoqués par les radicaux libres (substances chimiques très réactives qui dégradent de nombreuses molécules présentes dans l’organisme ; les radicaux libres sont naturellement produits par le métabolisme cellulaire, par exemple dans les mitochondries lors de la production d’énergie cellulaire.

Ils sont aussi produits lorsque les cellules sont exposées à des toxines, ou lorsqu’elles luttent contre une inflammation, ou en cas de stress oxydatif provoqué par une exposition trop prolongée aux rayonnements ultra-violet du soleil ou par la fumée de cigarette ou encore par certains polluants atmosphériques).

Les effets néfastes des radicaux libres sont un vieillissement accéléré des cellules de l’épiderme, endommager les cellules et les tissus, et favoriser les maladies cardiovasculaires.

Parmi les substances antioxydantes, l’huile d’olive de qualité supérieure contient des polyphénols ; ces molécules sont reconnues pour avoir des propriétés anti-inflammatoires, ce qui contribue à maintenir une bonne santé à l’échelle cellulaire et métabolique.

Par ailleurs, il est reconnu par le corps médical et les spécialistes de la nutrition que les acides gras monoinsaturés tels l’acide oléique présents dans l’huile d’olive de qualité supérieure en concentrations élevées, ont un effet très favorable sur la réduction des risques de maladies cardiovasculaires.

L’acide oléique (et les acides gras monoinsaturés en général) réduisent sur le long-terme le taux de « mauvais cholestérol » (LDL, low density lipoprotein) tout en augmentant sur le long-terme le taux de « bon cholestérol » (HDL, high density lipoprotein) ; les LDL et les HDL sont des assemblages complexes constitués de graisses et de protéines.

Il apparaît cependant, et cela va de soi mais n’est pas systématiquement respecté, que ces propriétés bénéfiques sur la santé sont assurées lorsque l’huile d’olive de qualité supérieure est consommée à froid, c’est-à-dire lorsqu’elle a conservé toutes ses substances à effet positif.

Un régime alimentaire basé sur l’utilisation d’huile d’olive chauffée trop fortement (p.ex. utilisée pour griller des viandes ou légumes) n’aura dès lors pas des effets aussi bénéfiques sur la santé, puisque de nombreuses substances constituant l’huile d’olive seront dénaturées à haute température.

Au chapitre des effets potentiellement négatifs sur la santé, l’huile d’olive (qu’elle soit de qualité supérieure ou inférieure) est, comme toutes les huiles alimentaires, un corps gras, c’est-à-dire une denrée hautement calorique qui contribue à l’augmentation de la surcharge pondérale si l’on en consomme excessivement.

Les huiles d’olive industrielles, lorsqu’elles ne sont pas de qualité supérieure, peuvent contenir des substances indésirables (agents phytosanitaires utilisés dans les plantations, substances chimiques utilisées lors de l’extraction de l’huile, agents conservateurs ajoutés dans le produit fini), qui auront un effet néfaste sur la santé. Cependant, en adoptant une alimentation équilibrée, il est possible de tirer parti de l’huile d’olive pour ses bienfaits.

 

Entretien réalisé par Samir Gani