Relance du marché oléicole Algérien
Promesses et entraves
Dans le marché oléicole algérien, approximativement 85% de l’huile d’olive commercialisé est de type huile d’olive vierge et courante et seulement 15% de la catégorie d’huile d’olive vierge extra.
Ces paramètres sont influencés par plu- sieurs facteurs et par leurs interactions, à savoir : le cultivar, l’environnement, les techniques culturales, la période de récolte ainsi que les techniques d’extraction. La catégorisation de la qualité de l’huile d’olive est fondée sur des normes internationales définies par le Règlement de la Commission européenne, le Codex Alimentarius, et le Conseil Oléicole International. Jusqu’à ces cinq dernières années, la problématique de l’oléiculteur algérien était de comment progresser en termes de rendement, reléguant ainsi au second plan la recherche de la qualité de l’huile d’olive.
Cependant, au fil des ans, l’oléiculteur a commencé à accorder un intérêt certain aux nouvelles techniques, au choix des variétés des olives, aux modes de trituration, aux normes de stockage et même au packaging. Cette volonté d’amélioration de la qualité de l’huile d’olive est la conséquence induite par le consommateur algérien devenu mieux informé et donc plus exigeant mais aussi chez le producteur qui se projette véritablement dans une perspective d’exportation vers l’international. Ce bond quantitatif a été possible grâce aux programmes de développement agricole successifs engagés depuis l’an 2000 qui ont permis une augmentation remarquable des superficies qui a généré une amélioration consistante des quantités produites, et la relance de l’appareil de production de plants. Par ailleurs, la mise en place, en 2017, du concours de la meilleure huile d’olive vierge extra “Apulée” a permis d’instaurer une véritable émulation parmi les producteurs nationaux qui ont redoublé d’efforts pour sélectionner les meilleures variétés d’olives sur le marché et en extraire un jus d’olive de qualité. Parmi ces oléiculteurs, l’Huilerie Baghlia des frères Kiared qui, grâce au travail rigoureux dans la sélection des olives, l’abnégation et les efforts quotidiens, a pu décrocher plus d’une vingtaine de médailles dans les concours les plus prestigieux du monde.

Aujourd’hui, en termes de production des olives de table, l’Algérie se classe à la 4ème place au niveau mondial après l’Espagne, l’Egypte et la Turquie, elle caracole à la 7ème place concernant l’huile d’olive, bien loin de l’Espagne, premier producteur au monde, la Grèce, l’Italie, la Tunisie, le Portugal et la Turquie. Le constat est là. L’Algérie a une marge de progression importante si la filière est prise en charge convenablement par les pouvoirs publics en termes de financements, d’assistance technique telle que l’ouverture de laboratoires agréées par le Conseil Oléicole International, de formations spécialisées entre autres. La superficie plantée a triplé en vingt ans Si en l’an 2000, il n’y avait que 168 000 hectares pour une production avoisinant les 2,17 millions de quintaux, elle a Presque double en 2007 pour atteindre les 276.253 hectares pour une production similaire de 2,1 millions de quintaux. Une décennie plus tard, cette superficie a encore double pour arriver à 432 961 hectares pour une production qui a aussi triplé pour arriver à 6,84 millions de quintaux. En 2021, la superficie globale est de 440 015 hectares pour une production annuelle de 7, 11 quintaux.
Traditionnellement, les régions connues pour la production de l’olive sont celles de Mascara, Tlemcen, Béjaia, Tizi Ouzou, Bouira. Cependant, depuis quelques an- nées, des superficies importantes sont plantées et cultivées en semi-intensif et intensif dans d’autres régions du pays telle que Djelfa et M’Sila. Les variétés d’oliviers les plus répandues Dans la région Centre et la région Est, les variétés les plus répandues sont le Chemlal, Azeradj, Bouchouk Soummam et Rougette de Mitidja, la Blanquette de Guelma et Limli pour l’extraction de l’huile, et la grosse de Hamma pour la confiserie. Dans la région Ouest, les variétés les plus plantées sont la Sigoise, Verdal, Cornicabra, Gordal qui sont destinées à la confiserie.
La production, bon an mal an, avoisine les 80 000 tonnes dont 68 000 tonnes pro- duites en huile d’olive vierge et courante et 12 000 tonnes en huile d’olive vierge extra. Le principal indicateur de cette tendance est illustrée par les chiffres à l’exportation de ces dernières années même si, comparé à ceux des leaders mondiaux de la filière, peuvent sembler dérisoires. En 2021, l’Algérie a exporté l’huile d’olive vers 19 pays sur 3 continents.
La plus grosse quantité vers le marché français qui se taille la part du lion avec 70,82%, suivi par le Canada avec 14,45% et les Etats-Unis pour 04,36%. Les 5,24 % restant sont partagés entre une dizaine de pays : Golfe arabique (Arabie saoudite, Sultanat de Oman, Emirates arabes unis et le Qatar), pays d’Europe (Belgique, Russie, Suède, Allemagne et Grande Bretagne) et la Mauritanie pour le continent africain. Certes, actuellement l’oléiculture algérienne est bien loin des productions du quatuor méditerranéen (Espagne, Grèce, Italie et Tunisie) qui domine le secteur oléicole mondial, mais les potentialités humaines, financières, technologiques et géographiques existantes en Algérie, qui si elles sont exploitées comme il en convient, peuvent lui permettre de jouer les premiers rôles à l’échelle international avant la fin de cette décennie.
Farid BENAHMED et Samir GANI