L’alerte est donnée sur un phénomène mondial
Le vol des olives et le trafic de l’huile d’olive sont plus juteux et moins risqués que le trafic de drogue
Les oléiculteurs s’apprêtent à entamer la saison de la cueillette des olives qui s’annonce prometteuse dans certaines régions et plus ou moins timide dans d’autres. La joie, le plaisir et l’optimisme y sont certes, mais le mal au ventre est omniprésent à cause des vols d’olives qui guettent le moindre relâchement des agriculteurs.
Les voleurs s’attaquent aux vergers, sans aucun scrupule, de jour comme de nuit, pour piller les olives à même l’arbre dont souvent en les branches se retrouvent massacrés. D’autres prédateurs attendent patiemment que le paysan remplit ses sacs ou ses caisses d’olives pour venir, à la tombée de la nuit, comme des chacals s’emparer du butin difficilement ramassé.

Ce phénomène de vol, qui en fait n’est pas nouveau, risque de prendre des proportions alarmantes, surtout quand on sait que récemment le prix des olives de table a atteint 200 DA le kilo et l’olive destinée à l’huile frôle les 100 DA le kilo.
Ces vols d’olives sont autant signalés en Algérie que dans d’autres pays producteurs tel que l’Espagne. En Andalousie, la sonnette d’alarme a été déjà tirée face à ce grave phénomène et il est demandé aux agriculteurs de la région beaucoup de vigilance et une surveillance accrue. Le gouvernement d’Andalousie est interpellé pour redoubler les contrôles au niveau des points d’achat des olives où il sera exigé aux agriculteurs d’y fournir les documents attestant l’origine des olives et que celles-ci ont été récoltées légalement. La recrudescence de ces vols en Espagne est motivée cette année par le prix exorbitant de l’olive qui va avoisiner les deux euros le kilo.
Quant au vol et trafic de l’huile d’olive, là c’est le jackpot ! Certains malfaiteurs ont même utilisé des camions citernes pour siphonner des milliers de litres d’huile d’olive directement des cuves de stockage. En l’espace de quelques heures, des dizaines de milliers d’euros tombent dans leurs escarcelles. Le dernier méfait remonte au 30 août dernier dans la province de Cordoue, où pas moins de 50 000 litres d’huile d’olive ont « disparus » d’une huilerie pour une valeur d’un demi-million de dollars.
Un autre phénomène encore plus grave : le « commerce » très juteux de l’huile d’olive frelatée. En mars dernier, les autorités de la région d’Estrémadure, en Espagne, ont retiré du marché 11 marques d’huiles d’olive pour lesquelles il a été découvert qu’elles ont été mélangées à d’autres huiles impropres à la consommation.
Au-delà des risques sanitaires qui peuvent avoir des conséquences mortelles, d’énormes quantités d’huiles d’olive sont mélangées avec des huiles de graines subventionnées par l’Etat. Il suffit aux trafiquants sans scrupules, de mélanger 5 à 10 % d’huile d’olive de basse qualité avec 90 à 95% d’huile de graines et le tour est joué. Par méconnaissance des produits de qualité et par attrait d’un prix plus bas, le consommateur tombe dans le piège. En Algérie, en l’absence d’un contrôle rigoureux, l’huile d’olive frelatée fait des ravages en matière de santé, de manque à gagner pour l’oléiculteur et des sommes importantes qui échappent au fisc. Il n’y a que les trafiquants qui trouvent leur compte sur le dos du consommateur, du producteur et de l’Etat.
La vérité est toujours amère à dire mais le constat sur le terrain est aisé. Le vol des olives et le trafic de l’huile d’olive semblent plus juteux et beaucoup moins risqués que le trafic de drogue.