Inauguration de l’Huilerie El Moubaraka des frères Nasri
Le serment perpétué

Emprunté au verset 35 de sourate Ennour, le nom commercial « El Moubaraka » pour une huile d’olive vierge extra n’a certainement pas été choisie par hasard par les trois frères Nasri. En hommes humbles, leur seule devise est le travail qu’ils arborent tel un sacerdoce sur cette terre bénie où les eaux abondantes de Hammam Guergour s’allient à l’olivier et au figuier, véritables emblèmes agricoles de la région.
Bordée par l’oued Bousselam et la RN 74, à une cinquantaine kms au nord du chef-lieu de la wilaya de Sétif, l’huilerie El Moubaraka des trois frères Nasri est bâtie sur 450 m2 soit près de la moitié du terrain acquis en 2018 en fonds propres. Abdelghani, Abdelhamid et Imad ont travaillé à la force de leurs bras vigoureux et à la sueur de leurs fronts pour exaucer l’ultime vœu de leur défunt père Mohand Seghir décédé il y a 30 ans. C’est dire leur acharne- ment viscéral à perpétuer le serment paternel alors qu’ils n’étaient pas encore en âge de comprendre toutes les vicissitudes de la vie. Vivre du fruit de leur travail et faire honneur à la réputation de leurs aïeux. Tout le beau monde venu en ce der- nier jour de l’année 2022 les féliciter de vive voix et participer, dans une ambiance conviviale et bon enfant, à la cérémonie officielle de l’inauguration de l’huilerie El Moubaraka a été étonné d’apprendre que les travaux de construction n’ont même pas duré le temps d’une gestation pour que cette imposante bâtisse sorte de terre et commence déjà à recevoir les premières récoltes de la saison. Les trois frères Nasri n’ont ménagé aucun effort, travaillant jusque tard dans la nuit glaciale, pour que tout soit prêt pour le début de la cueillette des olives.
L’huilerie des frères Nasri vient ainsi s’ajouter à la dizaine d’autres ré- parties un peu partout dans les villages et hameaux environnants. De quoi permettre à des centaines de familles de la région d’améliorer un tant soit peu leur quotidien par la cueillette, la production et la vente de l’huile d’olive. Réalisée en seulement 7 mois sur fonds propres et un financement des équipements octroyé par la BADR, la machine tourne déjà à pleine vitesse. Nombreux sont les oléiculteurs et autres producteurs de la région et même de plus loin que les portes des Babors à venir déposer leurs récoltes sur l’immense aire de stockage. Abdelghani, architecte de formation et fort de son expérience dans le domaine de l’oléiculture, n’a rien laissé au hasard dans l’aménagement aussi bien intérieur qu’extérieur pour le bien de la clientèle et de ses ouvriers. Chaque chose a été étudiée dans les moindres détails pour donner au producteur, et même au visiteur d’un jour, l’impression d’être presque chez lui. Au-delà de l’imposante machine flambant neuf, toutes les commodités sont là : un vaste parking, une aire de dépôt où même un semi-remorque peut faire toutes ses manœuvres, des sanitaires, une mossala. La réputation de sérieux et du travail bien fait des frères Nasri s’est propagée un peu partout sur le territoire national, depuis 2016, à la faveur de leur autre métier dans le secteur de l’oléiculture, celui de la vente, installation, prestations et services après- vente des équipements de trituration de l’huile d’olive de la marque Jeha Co dont ils sont les dignes représentants. Au-delà des quantités d’huile produites, leur capital réside dans le savoir-faire et la maîtrise technologique des processus de production cumulés depuis de longues années. Pour l’instant, l’huilerie est alimentée en énergie par un groupe électrogène en attendant l’arrivée prochaine, comme souligné par le chef de daïra présent à la cérémonie d’inauguration, de l’électricité rurale dont l’huilerie a bénéficiée. La région dispose également de nombreux atouts pour améliorer son développement avec son pôle agricole d’envergure et comme destination touristique et balnéaire de premier choix.

Région agricole par excellence, bénie par l’abondance de l’eau, les cultivateurs de la région sont d’ailleurs revenus depuis quelques semaines redonner vie à l’antique Souk hebdomadaire. De quoi booster le développement économique de cette localité de Makhchouf, et du village de Oued Sebt distant de 2 kms. Le souhait ultime des frères Nasri serait de planter des vergers dans les normes et y cultiver notamment les variétés autochtones connues et appréciées de la contrée telles que Aguenaou, Aghenfass. Dans sa thèse de Doctorat soutenue en 2022 sous le thème de : Étude morphométrique de l’olivier et valorisation des sous-produits oléicoles en Algérie, Mourad Hamlat évoque que parmi les 37 variétés d’olives recensées en Algérie, au moins 08 (Aghchren de Titest, Akerma, Bouchouk Guergour, Bouchouk Lafayette, Aguenaou, Aghenfas, Aghchren d’El Ousseur et Boughenfous sont endémiques à la région de Hammam Guergour, Bousselah, Bougaâ et Bouandas. Sur cette terre verdoyante de monts et vallées, on aperçoit sur leurs versants forestiers de nombreuses lignées de jeunes oliviers qui dé- notent du regain d’intérêt appréciable accordé ces dernières années à l’oléiculture et à la perpétuation de cette culture ancestrale.
Farid BENAHMED
Hammam Guergour La source légendaire
Cette localité montagneuse située entre les Babors et les Hauts Plateaux est célèbre pour la spécificité de sa source naturelle d’eau chaude et son fort de radioactivité qui la place au premier rang en Algérie et au troisième rang mondial après les bains de Brembach en Allemagne et les bains de Jachimov en Tchéquie.
Pour l’histoire, une cavalerie, en mission de reconnaissance dans la région, découvre les sources d’eaux chaudes et décide d’y bâtir des thermes pour traiter ses légionnaires. En l’an 193, le bourg est transformé en un municipe et prend le nom de Ad Sava Municipe. La légende raconte qu’au 17ème siècle, manquant d’eau pour faire ses ablutions, Sidi el Djoudi Belhadj, homme pieux et exégète, enfonça son bâton ferré dans le sol rocailleux et a fait jaillir ces eaux des entrailles de la terre.
L’appellation de Hammam Guergour, gurges en latin, viendrait d’un gargarisme provoqué par le bruit des eaux ruisselant dans les torrents alentour. Dans les années 70, un complexe thermal a été construit au niveau d’un ancien site romain qui sur- plombe le village de Hammam Guergour. La localité de Hammam Guergour se trouve à la sortie des gorges traversées par l’oued Bousellam, un des rares cours d’eau permanent de la région de Sétif, principal affluent du Soummam. Deux grandes voies joignaient Sitifis à Saldae (Béjaia) et Tiklat dans la basse vallée de la Soummam.